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Una Bruja en Bici

Une année en vivant libre à vélo

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Confinée au paradis 

Buffalo et moi luttons contre le vent, il fait chaud, la route est plate, sèche et monotone. Je suis à 165km de Siem Reap, porte d’entrée des temples d’Angkor où j’aimerais me poser ce soir mais rien n’est moins sûr avec ce foutu vent de face. Quel soulagement quand il se dissipe, je roule enfin à une vitesse correcte. J’enchaîne les kilomètres, je croise de moins en moins d’habitations jusqu’au moment où je doute, aurais-je pris une mauvaise route ?

Anxieuse, je vérifie cette désagréable sensation et l’info tombe comme un couperet : 22 km dans la mauvaise direction. Je rage contre moi-même. Comment ai-je pu être aussi stupide pour ne pas voir que cette seule route se divisait en deux. Je me suis laissée emportée par l’accalmie du vent, le plaisir de rouler un peu plus vite. Je n’ai aucun moyen de rejoindre ma route si ce n’est en rebroussant chemin. Je m’en veux mais je n’ai d’autres choix que d’accepter que je fais un détour inutile de 44km et que j’ai perdu 2h30 de mon temps.

Sensation étrange, je sens l’odeur de la pluie, j’avais presque oublié cette odeur d’averse en été. Aucune goutte de pluie ceci dit, nous sommes en saison sèche au Cambodge. Malgré mon humeur morose, je m’efforce de sourire timidement aux villageois que je croise et qui me salue gentiment. Mon repas composé de fleurs me met un peu de baume au coeur. L’orage éclate d’un coup, il me rafraichit mais quand il se prolonge il fini par me déprimer un peu. Il y a des journées pas de bol, il faut juste l’accepter.

« Mmmh » quelle agréable sensation de plonger dans la piscine. Mon jus de fruit de la passion m’attend sur la terrasse. C’est pur moment de détente lors de mon arrivée à Siem Reap où je m’arrête quelques jours avant de reprendre la route vers le Vietnam. Les ruines de l’ancienne cité khmer d’Angkor sont une merveille et j’ai la joie de les visiter à un moment particulièrement spécial. La crise du coronavirus a limité le tourisme en Asie et ce lieu d’habitude bondé est presque vide. Je savoure ma chance. Ces nombreux temples d’époque différentes sont grandioses et s’y dégage une ambiance calme et sereine, surtout en ce moment. Certains temples ont pratiquement fusionné avec la nature, des arbres et lianes sortent des vielles pierres couvertes de mousse pour le plus grand plaisir de nos yeux. Pendant trois jours, ma routine est de me prendre pour Indiana Jones ou Tomb Rider en matinée avec Buffalo, arpentant les temples parfois dès les premières lueurs du jour et sautant dans la piscine l’après-midi me délectant de ces moments de quiétude et relaxation après les kilomètres sous la chaleur.

« Thank you for the talk and the nice vibe shared » me lance dans un sourire Barbara, une italienne qui voyage en Asie du Sud-Est. Les conversations avec les touristes tournent immanquablement autour du virus qui impacte tout nos plans de voyage. Les frontières commencent à fermer et en tant qu’italienne les options se restreignent pour elle, mais probablement pour moi aussi. La suite du voyage est de plus en plus incertaine. On a néanmoins décidé de ne pas en parler trop longtemps et on échange autour de la pratique du yoga en général, à l’ombre d’un temple savourant nos fruits frais.

Je passe la soirée avec Marco, un cycliste italien et Lily, une cycliste péruvienne aussi en visite à Siem Reap au même moment. C’est toujours un plaisir d’échanger avec d’autres voyageurs partageant les mêmes préoccupations, galères mais aussi plaisirs que moi.

Je repars vers la frontière vietnamienne, ne sachant pas si je vais pouvoir passer. La situation est de plus en plus difficile de jour en jour. Allant dans le sens exactement opposé de mon arrivée à Siem Reap, j’espère avoir le vent dans le dos ou à tout le moins pas de vent. Hé bien loupé, je me prends un bon vent de face pendant deux jours pour atteindre Kampong Cham, dernière halte avant la frontière vietnamienne.

« Mais vous êtes belges! » je m’exclame en souriant. Corentin et Thomas gèrent depuis 5 mois la Mékong Bamboo Hut où je débarque à Kampong Cham. Logée au bord du Mékong sur l’île en face de la ville, l’ambiance y est calme et particulièrement agréable. La terrasse de coussins face au Mékong et les quelques touristes venus chercher du repos participe à une ambiance où l’on se sent bien. Je décidé d’y rester un jour de plus pour visiter un joli temple (nokor) qui s’avère être une belle surprise et profiter d’une journée de repos en hamac en bonne compagnie.

Déterminée à passer au Vietnam, le lendemain je reprends la route tout sourire avec Marco qui m’a rejoint entre temps à Kampong Cham. Le Vietnam a annoncé une fermeture de ses frontières à tous les européens dès le surlendemain même ceux détenant déjà un visa, ce qui est mon cas. En roulant, on philosophe sur la vie, la mort, les amitiés, les rencontres. Pendant ces quelques heures, j’oublie tout, la situation compliquée, l’incertitude, on partage juste de chouettes discussions profondes sur la vie. En quittant Marco qui remonte vers le Laos, je suis heureuse d’avoir partagé ces quelques heures hors du temps, à rouler, discuter et profiter.

J’arrive suante à la frontière à 12h30. Le garde cambodgien rigole « foreigner ? they won’t let you in » Les cambodgiens ne tamponneront pas mon passeport de sortie tant que le côté vietnamien ne valide pas mon entrée. Je fais les quelques pas sous la chaleur de plomb pour aller du côté vietnamien. Un garde fait un contrôle de températures : 38,5°. Pfff, j’étais parée à beaucoup d’éventualités mais pas celle de faire de la température au poste frontière. En même temps je viens de faire 75 km sous la chaleur, avoir chaud me parait assez normal. Après deux autres tentatives infructueuses (toujours au dessus de 38°) je vais me rafraichir dans les toilettes avant de retenter ma chance. Là je fais 37,5°. Bon ça y est je peux passer ?

Une fonctionnaire analyse mon passeport et ils discutent entre eux. ça fait combien de temps que tu voyages ? Pourquoi venir au Vietnam ? Si tu viens te devras aller en quarantaine pendant 14 jours dans un hôpital. J’attends patiemment de voir si d’une manière ou d’une autre je peux passer plus tranquillement pour rejoindre Ho-Chi-Minh où un ami cycliste vietnamien rencontré en Thaïlande m’invite chez lui.

Après tractations et discussions, je sens qu’ils ne me laisseront pas passer. Malgré mon visa de 3 mois pour le territoire vietnamien, les choses s’avèrent mal embarquées. La fonctionnaire me demande où j’ai séjourné au Cambodge et ai-je été à Siem Reap. Un cas a été déclaré là-bas et lorsque je réponds oui, elle me dit que c’est impossible que je rentre sans faire la quarantaine pendant 14 jours dans un hôpital vietnamien. Il est 13h30, j’ai encore le temps de rentrer à la Mékong Bamboo Hut, je décide de rebrousser chemin.

A la guesthouse on m’accueille avec un demi-sourire, « Oooh nooon. Tu n’as pas pu passer ». « Oui mais la bonne nouvelle c’est que je suis avez vous », je réponds avec un grand sourire. Outre Coco et Tom, les deux belges qui gèrent la guesthouse, le groupe est composé de Maylis une française en volontariat ici, Tito, un motard suisse allemand, Nico et Guillaume, deux touristes français, Bérénice, une jeune touriste française, Katherine une motarde allemande, Hadrien qui zone dans la région et la guesthouse depuis quelques temps et sa maman Hélène venu lui rendre visite. D’autres touristes passent et partent dans ce petit havre de paix où la crise nous semble tellement loin.

Sweet travellers life. Nuit en hamac, yoga matinal pour moi, petit déjeuner en douceur qui se prolonge au gré des conversations, tour au marché en ville, commande d’un jus de cannes à sucre, plongeon dans la piscine olympique ou aux jolis temples de la région, ballade autour de l’île et sur le pont en bambou, réparation des vélos de la guesthouse, lecture dans les hamacs, admiration du coucher de soleil, soirée ciné, bières et fous rires partagés sur la terrasse admirant la vue, préparation du repas du soir partagés avec les guests. J’ai l’impression d’être en famille à Noël, on savoure une mousse au chocolat faite avec du chocolat ramené de France par Hélène. Je me sens bien ici et je décide d’y rester un temps, voir comment les choses évoluent. Oui mes plans ont beaucoup changé, on a annulé nos retrouvailles avec ma maman, la situation est trop compliquée pour le moment et j’ai deux visas sur mon passeport payés mais inutilisables jusqu’à nouvel ordre. Mais je sens à quel point j’ai de la chance finalement. Bien entourée au bout du monde dans un petit coin de paradis.

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