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Una Bruja en Bici

Une année en vivant libre à vélo

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BrujaEnBici

En mode touriste

Dernière mise à jour : 22 août 2019

Le bruit, la poussière, la pollution, la chaleur, ça grouille à Teheran lors de notre arrivée tels des rois de la route sur les coups de midi et demi après 90 km de route. Faut dire que le vent dans le dos ça aide pour filer à presque 30km/h de moyenne. A l’auberge de jeunesse, on discute avec les autres voyageurs. Toutes les nationalités et projets de voyage (solo, en groupe, en famille, en vélo, en backpack, en stop, en train) se mélangent dans une ambiance décontractée et climatisée (indispensable pour échapper à la chaleur de la ville). JC et moi sympathisons avec Yannick qui voyage à vélo également, Adrien son frère venu lui rendre visite pendant presque 3 semaines et Fabian un suisse qui voyage également à vélo.


Lors de notre pause de midi, on a rencontré Mehdi un iranien prof d’anglais qui souhaite apprendre mieux le français, il a proposé de se retrouver le soir pour manger un bout ensemble. Nous voilà tous embarqué avec Mehdi dans la capitale iranienne de nuit. Dès la tombée du jour lorsque la chaleur s’estompe, les rues se remplissent encore davantage. On s’engouffre dans le métro, il y a des wagons uniquement pour femmes pour qu’elles se sentent à l’aise. N’étant qu’avec des hommes, je suis dans le wagon classique. Bizarre de se retrouver dans un wagon rempli quasiment de testostérone. On est arrivé un jeudi, vendredi et samedi c’est le week-end on restera quelques jours dans la capitale pour faire nos demandes de visa Chine et Turkmène Dimanche (ce qui correspond à Lundi pour les Iraniens) pour JC et Turkmène pour moi, nettoyer nos affaires, bricoler les vélos, se reposer un peu, retranscrire nos aventures et parler avec nos familles avant de prendre quelques jours en vrais touristes pour aller visiter le sud. Bref les journées sont plutôt bien remplies pour des cyclotouristes comme nous.



Musique dans les oreilles, je souris en me fondant dans la masse des habitants de Téhéran pour m’imprégner de la ville. Après une visite au Palais du Golestan et au bazaar, je retrouve JC éreinté et fatigué par sa journée passée à préparer son visa chinois. On a rendez-vous avec Nilooofar, un contact que j’ai eu via un collègue de travail, dans un salon de thé à Téhéran. Elle est militante féministe et journaliste en Iran autant dire pas de la tarte pour son pays. Comme tous les iraniens elle adore son pays mais elle souhaite y rester contrairement aux autres personnes qu’on a pu rencontrer. Je suis contente de pouvoir échanger avec une femme tout en parlant militance et avancée de nos droits. Le lendemain on goûtera avec Fabien dans un restaurant local du bazaar où tout le monde est servi à la chaîne le Tai-Hin, une spécialité iranienne composée de riz au safran, fruits secs, poulet, et une forme de gâteau de riz sauté. Le plat est excellent et très très copieux.



Micro cravate attaché, je réponds aux questions du jeune qui souhaite nous interviewer à propos du bonheur. Qu’est-ce que le bonheur pour les belges ? Les iraniens sont-ils plus ou moins heureux que les belges ? Bon pas évident de répondre aux questions plutôt philosophiques qu’on nous pose, mes réponses seront diffusées sur la chaine nationale, ça promet.


5h du matin, on débarque les yeux encore bouffis par la petite nuit dans le bus entre Téhéran et Isphahan. JC et moi errons tels des zombies dans la ville en quête d’un endroit où terminer notre nuit. Isphahan est une ville de taille moyenne, pleine d’histoire, un joli bazar, de magnifiques mosquées et une immense place que le shah avait fait construire pour rassembler les 3 pouvoirs (économique - le bazaar ; exécutif - son palais et religieux - la Mosquée). Pas bête le mec et le résultat est plutôt réussi.

JC aide un gamin à se mettre dans l’eau, une gamine s’agrippe à mon bras car elle glisse lors de la traversée du cours d’eau sous le fameux pont Si-O-Se-Pol de la ville que nous avons également entrepris de faire à guet comme des enfants en quête d’aventure. On visite le quartier arménien et on se régale à midi dans un resto typique comme il y en a que trop peu en Iran. Difficile de manger autre chose que du Kebab (spécialité iranienne) ou des fast-food. Les iraniens aiment visiblement manger vite. Le soir on embarque dans notre bus pour Yazd où l’on en profite pour retrouver Yannick et Adrien qui y sont également.



Yazd est une ville pleine de charmes, petites ruelles, maisons traditionnelles en paille et boue, belles mosquées. La ville est également un haut lieu de culte pour les zoroastriens. Je ne le savais pas mais le zoroastrianisme est une religion monothéiste érigée en religion d’état dans l’empire perse avant l’Islam. On visite le temple du feu qui abrite, devinez quoi ? : un feu. Il brûle théoriquement depuis le 5ème siècle après JC. Notre joyeuse troupe enchaîne par un trajet en taxi vers Kharanakh un petit village dans les montagnes avoisinantes avec Ali, notre chauffeur philosophe qui agrémentera notre visite de chansons traditionnelles. Je savoure ces moments de bonheur léger à écouter Ali chanter en regardant les paysages désertiques rocailleux.



Sur nos vélos JC, Yannick, Adrien et moi, nous dirigeons vers les montagnes qui séparent la côte de la mer Caspienne. On doit rejoindre Mashad à environ 1000km pour passer la frontière Turkmène et on a décidé d’ajouter 100km pour faire un détour par la mer et le parc national du Golestan car la route semble plus belle. Le trafic est dense et il fait chaud pour cette reprise assez sportive avec une belle montée de 70km avant de descendre un peu pour atteindre notre objectif de 110km par jour mais la route vaut le détour : le soleil est bas et colore les montagnes sèches de belles couleurs rouges et jaunes. Sur la carte deux étendues d’eau avec quelques arbres à proximité de la ville de Babol nous semblent parfait pour camper. La route est désertique et très empruntée et ce n’est pas évident de trouver des endroits de camping. En arrivant sur place ce sont principalement des champs et des rizières, pas idéal. On a repéré un terrain de foot et on demande gentiment si l’on peut camper là. Tout en installant nos tentes, le village s’affaire autour de nous, d’où venez-vous ? voulez-vous dormir chez moi ? Je peux vous inviter à manger ? On est fatigué et on souhaite prendre une douche et dormir. On ira prendre une douche chez l’un d’eux en disant qu’on souhaite dormir dans nos tentes déjà installées. Finalement Majid, professeur à l’université et maîtrisant bien l’anglais, insistera pour nous accueillir chez lui. On fini par accepter, on remballe tente et matelas pour atterrir chez lui après la séance photo avec chaque téléphone des habitants du village. Majid nous propose d’aller chez son voisin, réparateur de vélo pour partager des fruits et un thé. Il est déjà 22h30, on accepte on proposant qu’à minuit on puisse être rentré pour dormir. Majid propose aux garçons de fumer une cigarette, ils déclinent, moi je me montre intéressée. Il s’exclame « What ? You ? But it’s not good ». Euh ben oui mais toi Majid tu fumes alors pourquoi pas moi ? Il sourit et acceptera de partager une cigarette avec moi tout en me demandant (ainsi que sa femme) pourquoi je ne suis pas mariée à 30 ans. Je leur demande pourquoi ils ne posent pas la même question à Yannick, Adrien ou JC qui sont dans la même situation que moi. Ils sourient et moi aussi, heureuse de repousser les préjugés sur les femmes.


Il est minuit et demi et nous attendons une délégation de la plus haute importance qui souhaite nous rencontrer et nous souhaiter la bienvenue: le maire de Babol, le mollah de la région, le représentant du président Rohani. Ce moment est presque surréaliste au milieu de la nuit, dans un bled paumé, ces officiels souhaitent nous rencontrer. Une dizaine d’hommes débarque dans la pièce du voisin de Majid, les femmes s’en vont, sauf moi. Rebolote pour le thé et les fruits et les séances photos. Ils sont inquiets de savoir si on aime l’Iran, si on a été bien traité. Tous les iraniens qu’on rencontre sont très affectés par la mauvaise presse qu’ils ont à l’étranger les taxant de terroristes, ils souhaitent qu’on soit bienvenu dans leur pays et qu’on s’y sente le mieux possible et il faut dire que j’ai rarement rencontré des gens aussi accueillants. On finira par pouvoir aller dormir vers 1h et demi.



Le coucher de soleil sur la mer Caspienne est magnifique. Après 130km, je retire mes baskets suantes et puantes et j’enfile guillerette mes tongs tout en galopant vers la mer : aaaah une baignade ! Je sens que mes pieds s’enfoncent dans une sorte de vase dégueulasse qui ressemble à du pétrole. J’ai l’impression d’être un goéland englué dans une marée noire. Autant se rendre à l’évidence, à cet instant précis je pue toujours, je suis encore plus crade qu’avant et je peux faire une croix sur la baignade : grosse désillusion. On campera entouré d’iraniens qui pique-niquent (leur sport national ici). Ils viennent régulièrement nous demander d’où on vient, nous proposer d’aller ailleurs car l’endroit n’est pas « safe » et restent devant nous malgré la communication compliquée alors que nous n’aspirons qu’à nous doucher, manger et nous reposer. Les iraniens mangent et se couchent tard, les kékés jouent avec leurs accélérations avec la musique à fond ainsi que le bruit des klaxons et les gamins crieront et joueront encore jusqu’à 1h du matin au moins. C’est décidé, demain on campe loin des gens, notre tolérance atteint des limites, on ressent tous le besoin de calme et de repos.



Instant de tranquillité tellement rare en Iran, on partage notre repas de campement à trois, Yannick, JC et moi (Adrien est retourné à Téhéran) dans une forêt non loin la route. Le calme est vraiment appréciable.


Un gamin dans le champ pose pendant que je prends la photographie du paysage, on échange un sourire. C’est beau ces paysages montagneux et vert, ça nous change des roches et désert. Nous sommes toujours sur la route vers Mashad à environ 400km on prévoit d’y arriver dans 4 jours et de récupérer nos visas Turkmènes pour lesquels on croise toujours les doigts.



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