Faites de toits en tôle, les deux semblant de maisons de bric et de broc dans les hauteurs de Dilijan sont entourées de petits porcelets, poules et truies. Eloignée de la ville, la vie y semble bien paisible. On entend des voix plus bas. Nous sommes légèrement à court d’eau pour notre chemin de retour, voilà un excellent prétexte pour la rencontre. Deux dames d’une quarantaine d’années nous accueillent chaleureusement avec un café et un goûter à la crème au lait tout fraiche, malgré la barrière de la langue on arrive à communiquer un peu. Ce moment de partage entre femmes est doux, frais, naturel comme notre goûter. Je m’y sens bien.
Mes papilles dégustent mon plat aux pleurotes arméniennes. Tout en savourant notre dessert, Orianne et moi planifions la suite de notre périple. On a 3 jours devant nous avant d’atteindre Erevan qui est à environ 100km en passant par le Lac Sevan. On a le choix entre deux jours tranquilles en mode farniente au bord de l’eau ou un challenge sportif de 200km de plus en faisant le tour du lac avant de descendre à Erevan. Orianne me sourit, je sais qu’elle pense la même chose que moi.
Mes cuisses s’activent doucement durant cette montée vers le lac, 20km et 1000m de dénivelé les doigts dans le nez ! Quel plaisir ! J’aperçois le bleu turquoise typique du lac et ses montagnes au loin lors de notre arrivée au village où l’on avait prévu de manger. On pousse quelques kilomètres de plus pour faire une pause dans un resort du côté est du Lac. Je me sens fraiche après ce petit plouf dans l’eau avant notre repas. Le sol est couvert d’un duvet blanc, on découvre le lac Sevan sauvage, brut, naturel dans cet endroit de camping idyllique caché entre les pins et d’autres arbres qui semblent expirer du coton. Quelle agréable sensation de nager nues dans de l’eau douce. Mis à part les moustiques qui gâcheront quelque peu notre préparation du repas, la vue du soleil couchant est sublime
« Hi » on fait toutes les deux volteface pour analyser l’intrus. Il s’agit de George, un cycliste roumain que nous avons rencontré vers 15h dans l’autre sens. On est un peu surprises de le voir ici, premièrement car on pensait être dans un endroit un peu caché et deuxièmement parce qu’il roulait dans l’autre sens. Il nous explique qu’il a décidé de faire demi-tour car il avait eu un bon feeling avec nous et souhaite passer un peu de temps avec d’autres cyclistes. On l’invite à installer sa tente et il passera la journée suivante avec nous. George ne sait pas trop où il va, il philosophe beaucoup et est fan de pastèque. Il nous suivra néanmoins pendant notre deuxième journée de challenge moins venteuse que la première mais pas moins chargée.
Yes des smarties pour le petit déjeuner ! On est hyper excitées de s’être octroyées ce petit plaisir de gamines. D’habitude on petit déjeune en camping du yaourt acheté quelques heures avant de s’arrêter pour trouver un endroit, des flocons d’avoine, un mélange de noix, des fruits et du miel. Arrivées à court de miel, on a du mal à en trouver sur la route, on décide de remplacer cela par des smarties le lendemain matin. La journée commence bien.
A midi, on a prévu de se faire notre classico : du fromage, du miel et du bon pain arménien. On se fera un bon resto le soir à Erevan. On croise sur la « old highway » exempte de trafic et longeant l’autoroute vers Erevan un apiculteur. C’est notre jour de chance, du miel sauvage pour compléter notre repas de midi. On partagera notre classico à l’ombre d’un cerisier qui nous offrira un très bon dessert. L’air est chaud, la circulation est dense, cette descente dans la capitale arménienne me donne l’impression d’une chute dans un four ardent. La perspective de la douche froide de l’hostel et les bières fraiches à partager avec Orianne me permettent de maintenir le cap.
On passe une journée productive à Erevan entre l’empaquetage de vélo d’Orianne, la visite du Musée d’Histoire Arménienne, l’achat d’une carte sim pour moi et les appels de magasins de vélo pour tenter de trouver un pneu avant car le mien commence à se déchirer et de me résigner sur le fait que je ne trouverai pas un Schwalbe. C’est la fin, Orianne repart samedi soir. Mini coup de blues. Je dois encore trouver une solution pour mon visa iranien. Je sens qu’il fait très chaud et je dois préparer la suite de mon itinéraire sans savoir si j’aurai mon visa ou pas.
Un stock de bonnes bières partagées avec mon amie à l’hostel, un énorme pot de 2kg de framboises, notre fruit préféré, acheté une broutille suffisent à rendre cette soirée délicieuse et à me redonner de l’énergie pour les 3 mois à venir et la suite du périple. Le voyage a vélo c’est quand même top !
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