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Una Bruja en Bici

Une année en vivant libre à vélo

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Farniente et Orang-outans : 12 jours de voyage sans buffalo




Minuit et demi en face de la gare de Medan les quelques conducteurs de becaqs (mobylette avec un side car pour transporter entre 2 et 5 personnes) observent nos retrouvailles chaleureuses. Attablée autour d’une bière dans notre magnifique hôtel on discutera jusque 4h du matin avant de sombrer car le lendemain on repart déjà pour le Lac Toba. Je suis heureuse de partager à Chantal mes maigres connaissances de l’Indonésie et cette tranche de voyage avec elle.

Il pleut mais le lac est toujours aussi beau que lorsque je l’ai laissé quelques jours auparavant. En marchant vers notre hôtel, on découvre le village de Tuk-Tuk sur l’île de Samosir trônant au milieu de lac Toba. L’île est plus touristique que ce j’ai pu expérimenté jusque là en Indonésie mais l’ambiance y est agréable et la vue sur le lac est imprenable depuis notre hôtel.

Je m’exclame « Un pancake bananes chocolat » ! C’est mon premier petit-déjeuner non salé depuis un bail. Ici les petits déjeuners se composent en général d’un plat de nasi goreng (riz frit) et parfois de mie goreng (nouilles frites). Je dois avouer qu’à ce moment je suis heureuse de retrouver les sentiers touristiques pour profiter de quelques produits et saveurs à l’européenne. Il est 13h et nous n’avons toujours pas quitté notre table de petit déjeuner trop occupée à philosopher et refaire le monde en admirant la vue. C’est la première fois de mon voyage que je m’octroie un moment farniente. En général les pauses dans les villes étaient remplies des visites, réparations vélo, échanges d’informations avec les autres backpackers ou cycles, préparations des suites du voyage. Ici rien de tout ça. Echange sur nos peurs, nos envies, nos relations, l’état du monde en écoutant les quelques oiseaux et commandant des jus de fruits quand cela nous chante. Je pense que c’est la première fois de toute ma vie que je me laisse aller à rester au calme à l’hôtel à ne rien faire, en ayant rien de prévu si ce n’est passer du temps avec une amie. Je savoure ce moment.

Le soleil fait le timide pendant que les jours s’enchaînent sur l’île entre les balades, la découverte de la culture batak et leurs magnifiques maisons sur pilotis, les séances de pilates et le farniente. Une journée de voyage en voiture en partie à travers les champs d’huile de palme sera nécessaire pour que la fraicheur du Lac Toba laisse place à la chaleureuse et humide Bukit Lawang notre deuxième destination de voyage.



L’accueil est royal et nous dormons à poings fermés dans notre luxueuse chambre avant de démarrer pour notre trek de deux jours et une nuit dans la jungle à la recherche des orangs-outans. Nous avons choisi un agence locale qui met l’accent sur son engagement écologique (soutien aux fermiers de la région, nettoyage du parc) et social (engagement de personnel local avec salaire décent, soutien sous forme du salaire d’un professeur d’anglais pour le village) (Ecotravel pour info). Tout en donnant beaucoup d’explication sur les orang-outans, les plantes ou d’autres animaux de la jungle, les guides sont aux petits soins avec l’ensemble du groupe. Je suis loin des aventures que j’ai déjà pu vivre sur la route du Pamir en autonomie avec les garçons, ici l’aventure est très encadrée mais je suis heureuse du choix de cette agence pour cette première fois dans la jungle pour Chantal. Contrairement à mes autres expériences dans la jungle (en Equateur et au Pérou) ici nous sommes directement plongées dans une jungle touffue et luxuriante ce qui nous permet de voir beaucoup d’animaux (Thomas leaf monkey (celui à la crête), macaques à courte et longue queue, varan, marcassin, oiseau calao (enfin de loin). Le désavantage c’est que c’est très dénivelé et que le parcours est par conséquent plutôt physique.


J’apprends aussi que la jungle de Sumatra abrite quelques tigres et des éléphants. Sumatra est vraiment une île avec une richesse en faune et flore incroyable. Mina, une femelle orang-outan assez agressive, est la première orang-outan que nous avons la chance de voir. Elle est avec son petit punk roux. La rencontre est furtive car les guides nous conseillent de ne pas trop nous approcher de l’animal.

Lors de notre pause fruits je sens un truc mou le long de ma cuisse sous mon pantalon. En appuyant, je vois que mes doigts se colorent de sang : « Beurk une sangsue ». Je me bats quelques minutes avec l’animal à travers mon pantalon pour l’extirper de là. Première morsure de sangsue de ma vie : check ! Il faut dire qu’en observant un peu mieux nos pieds, il y en a plein partout. Le campement est préparé à l’avance pour le groupe proche d’une cascade et d’un endroit de baignade plutôt bienvenu vu notre niveau de sueur. L’équipe de cuisinier nous concocte un buffet princier avec les spécialités locales que je m’empresse de déguster avec avidité (4 assiettes quand même). C’est bien la première fois que je campe avec autant de luxe. Pendant que la pluie tombe en trombe, nous passons une très chouette soirée avec Inra notre guide qui nous amuse en blagues et petits jeux avec une boite d’allumettes.

Le lendemain nous sommes quelques-uns du groupe à repartir à la chasse aux orangs-outans et la chance est de notre côté puisque nous en observons à trois reprises; toutes des femelles dont deux avec leur petit. L’une d’entre elles nous observent depuis son arbre. Son regard est pénétrant, elle nous regarde d’égal à égal. La rencontre est impressionnante par son humanité et je comprends mieux pourquoi les locaux les ont surnommé Orang = personne Outan - forêt. Littéralement humain de la forêt.

Les contours de l’île de Pulah Weh se précisent à mesure que notre ferry s’approchent de la baie. Après une nuit de bus vers l’extrême ouest de l’île de Sumatra dans la province d’Aceh tristement connue pour sa mise en place de la charria, nous arrivons à notre troisième destination de voyage : l’île paradisiaque de Pulah Weh (aussi connu sous le nom de Sabang ou kilomètre 0).

A peine un pied sur le port qu’une nuée de taximen et becaqs nous assaillent : « Hello, Hello, where are you going ? » Au cas où je pensais l’avoir oublié les sentiers touristiques ont aussi leur mauvais côté. Un touriste s’approche de nous et me propose de partager le taxi avec lui et son père, nous acceptons de bon coeur cette porte de sortie. Ils s’avèrent que Xavier et Pedro sont espagnols et vivent à Tenerife. Nous sympathisons assez vite et après être arrivées à notre hôtel nous les rejoignons pour le repas de midi.

« Regarde là, et là- bas, et là encore » des dizaines de dauphins sautent tout autour de nous. A nouveau la faune et la flore de Sumatra est aussi riche au niveau maritime. Poissons clowns (oui c'est nemo), poissons perroquets, papillon cocher, ange empereur, poisson trompette jaune et blanc, poisson chirurgien, nos pupilles se régalent à la vue de toute ces couleurs sous-marines. Nos deux acolytes espagnols plus expérimentés en snorkeling parviendront à voir des murènes, une tortue de mer et un requin.

J’ausculte la bouteille de gin que Xavier vient d’apporter sur la table et esquisse un sourire. Nous qui pensions ne pas pouvoir profiter d’un cocktail sur l’île qui applique plus ou moins la même loi que l’ensemble de la région d’Aceh, nous sommes agréablement surprises par la perspective d’un gin and tonic. « Nous l’avons acheté à Singapoure et nous l’avions conservée pour un moment spécial. » m’explique Xavier. Cela fait plus d’une heure que Pedro et moi débattons politique avec entrain. Tous les deux convaincus par des idéaux de redistribution, d’équité, de pacifisme, d’antifascisme et de démocratie, nous n’en sommes pas moins en désaccord sur les méthodes à mettre en place pour changer le monde. Xavier se sent proche de mes idées et je lui confie en souriant que Pedro et mon papa s’entendrait à merveille au vu de leur parcours et leurs idées. Mes derniers débats politiques me semblent remonter à des lustres et j’apprécie particulièrement ce moment d’échange avec Pedro ainsi que notre Gin Tonic inopiné.

« Vroum, vroum » Je mets un peu de temps à m’habituer à la mobylette. Il y a à peine deux mois je montais pour la première fois comme passagère sur une moto et me voilà à présent conductrice. Heureusement que j’ai demandé à notre fournisseur de cyclomoteur comment fonctionnait ces machines car il était prêt à nous laisser filer sans aucune explication ni assurance que nous n’allions pas tout planter dans le paysage. J’apprécie l’air frais à moto. Le sourire de Chantal suffit à me rassurer qu’elle profite particulièrement cette balade à travers l’île avec nos deux amis. La moto est un vieux rêve pour elle. Les plages sont sublimes et dignes des meilleurs prospectus de voyage tandis que l’intérieur de l’île est très dénivelé et sauvage. Le contraste avec la côte est impressionnant. On partage une dernière très chouette soirée avec nos deux compères espagnols en se promettant de garder contact. Le fait que Xavier et Pedro voyagent en tant que père et fils nous émeut particulièrement Chantal et moi au vu de notre histoire. On sent toutes les deux que Salomé, la fille de Chantal, ma meilleure amie du temps des bancs scolaires, partage en quelque sorte ce voyage avec nous. Avant de reprendre le bus de nuit pour Medan, nous en profitons pour visiter un peu Band Aceh. C’est la ville qui a été le plus touchée par le tsunami de 2004. Ils ont mis 3 ans uniquement à nettoyer les rues des débris. Du tsunami il reste un bateau perché sur une maison et un énorme cargo à 10km de la mer aujourd’hui en plein milieu de la ville. Nos vacances communes touchent à leur fin et je retrouve à Medan mon Buffalo chéri. Derniers jours en Indonésie, en route vers la Malaisie




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