Le serveur nous regarde à peine lorsque j’ouvre hésitante les portes d’un frigo orange dans un café de GeorgeTown. Derrière se cache un bar à cocktail secret. Excitée par cette nouvelle découverte je lance un « trop cool » à Caroline qui plus habituée par cette nouvelle mode des bars cachés dans la ville me répond par un sourire en coin entendu.
Le soleil lèche les rochers imposants qui bordent Ipoh et ses carrières d’étain. J’étais déjà passée par cette région à vélo et la vue est toujours aussi belle. Tandis que notre bus roule sur les routes sinueuses vers les cameron highlands, Caroline et moi observons émerveillées l’ambiance féérique des plantations de thé illuminées dans la nuit.
Le roti, garlic and cheese naan, chicken tandoori et daahl arrivent sur notre table alors que la faim nous guette déjà depuis quelques heures. La communauté indienne malaisienne est particulièrement présente dans les cameron highlands pour le plus grand plaisir de nos papilles. Caroline me sourit, après un mois de nourriture thaï je suis heureuse de retrouver les saveurs indiennes et visiblement Caroline aussi.
« Who run the world ? Giiiirls ! » crient notre petit groupe hétéroclite tout en se déhanchant sur le son de Queen B dans ce bar péruvio-malais de Kuala Lumpur. Deux piments décorent les verres de cocktails d’Axelle et Caro qui ont voulu goûter à leur risque et péril un cocktail épicé, je sirote un pisco sour pour ma part. On danse depuis une bonne heure avec trois malaisiennes indiennes tandis que juste derrière un groupe de malaisiennes chinoises se déhanchent tout aussi énergiquement que nous. J’aime cette ambiance multiculturelle de KL. Finalement, cette ville est davantage mélangée que Bruxelles où nos lieux de sortie sont assez ségrégués.
La vue des grattes ciel de KL est belle depuis notre piscine rooftop. Le charme de la ville ses lumières, sa vie nocturne, ses grouillements, ses mélanges est certainement différent de celui de la nature mais n’en est parfois pas moins magique. Nous sommes agréablement surprises de découvrir plusieurs concerts live dans la rue un dimanche soir. KL fait partie de ces capitales qui vit jour et nuit. J’y ai pourtant déjà passé cinq jours en arrivant en Malaisie mais je ne m’en lasse qu’à peine et je reste sur mon impression, cette ville a du cachet.
« Aaah je vous avais dit que c’était dégueulasse » je réplique en souriant à Axelle grimaçante et Caro vaillante qui reprend une cuillerée de cendol, traditionnel dessert de noix de coco gelée avec des bonbons gélatineux et une truc marron non identifié dedans. Le dessert nous est offert de manière tout à fait inattendue par deux mecs à la table voisine dans ce bar de Malacca où nous dansions avec un autre groupe de touristes aux rythmes du guitariste et chanteur live du bar. Malgré nos protestations, nos voisins insisteront pour nous payer toutes nos consommations de la soirée. Gênées, on finit par accepter malgré tout.
Malacca nous offre ses plus beaux atours lors de notre balade dans la ville par un temps ensoleillé mais pas trop chaud. Les églises, les bâtiments coloniaux, le street art et les bars le long des canaux, la ville vaut décidément bien le détour. Notre hôte doit avoir une septentaine d’année s, il ressemble un sage moine bouddhique, rien à voir pourtant puisqu’il est musulman. Il nous fait posément visiter sa maison qui fête bientôt ses 100 ans. La visite de ce musée vivant (villa sentosa) est non seulement charmante mais particulièrement intéressante pour comprendre la culturelle malaisienne.
« I am on the highway to hell » s’entend depuis la rue lorsque nous passons devant le Hard rock café de Malacca. Ni une ni deux, nous entrons dans le bar en dansant et chantant dénotant complètement avec l’ambiance très calme du café. Difficile pourtant de rester impassible face à ce son endiablé et la qualité du groupe live l’interprétant. Nous ne sommes pourtant pas en reste puisque l’on vient de quitter notre bar préféré de Malacca où nous avons danser et chanter avec deux expatriés français. Nos deux acolytes insisterons également pour nous payer la note. Bizarre de vivre notre deuxième soirée sans rien payer, j’avoue ne pas être très à l’aise avec l’exercice et ne pas bien savoir quoi en penser. Offert de bon coeur, Axelle, philosophe, nous propose de juste profiter de ces offres sans contrepartie si ce n’est notre « joyeuse compagnie ».
Je retrouve les plaisirs de conduire même si je dois m’adapter pour rouler à gauche lors de notre escapade pour découvrir la région d’Ipoh, ses temples creusés dans les falaises et ses cascades. Dans cet excellent restaurant sushi, un drôle de groupe composé de malaisiens indiens et de malaisiens chinois préparent de petits gâteaux aux amandes pour le nouvel an chinois qui se déroule dans une semaine. A nouveau beau de voir ce mélange des cultures, en Malaisie, on fête autant les fêtes musulmanes (aïd, fin de ramadan) qu’indienne (Diwali) ou chinoise (nouvel an) ou noël car il y a également une communauté chrétienne.
« Je veux faire pipi sur la pelouse » lance Caro. « Ah ben moi aussi, je peux me mettre à côté de toi ?» demande Axelle. Tout a commencé dans un beau bar secret avec quelques excellents cocktails et puis une rencontre avec deux businessman plein aux as en quête d’aventure et nous voilà embarquée dans une soirée WTF! que l’on terminera à danser en pyjama toutes les trois à 3h du matin sur la terrasse de notre luxueuse chambre d’hôtel face aux rochers imposants d’Ipoh.
On éclate de rire lorsqu’Axelle conclut encore imbibée de la veille « A 30 ans tu fais les mêmes conneries qu’à 20 mais la différence c’est que tu t’en remets vachement moins bien ». Je nous revois danser sur cette terrasse et je suis heureuse de partager ces moments avec mes copines. Loin de Bruxelles, j’ai eu pourtant l’impression d’y être le temps d’une soirée avec elles. C’est déjà ma 4ème visite amicale du voyage et chacune ont en un sens fortifié nos amitiés. Probablement parce que je me sens disponible et présente pour eux lors de leur visite, peut-être davantage que lorsque je suis à Bruxelles où je suis moins reposée et plus préoccupée par mon agenda et mes obligations diverses. Vu la distance des destinations, les visites sont longues ce qui nous permet de prendre le temps d’échanger vraiment. Je me sens bien, être là pour mes amis, comprendre davantage leur état d’esprit du moment et qu’eux comprennent le mien. J’ai aussi l’impression de pouvoir leur partager et transmettre un peu de mon bien-être du moment en partageant ce voyage qui m’a tant faire rêver lors de sa préparation. Toute bonne chose ayant une fin, de longs trajets nous attendent toutes les trois, les filles repartent aujourd’hui à Bruxelles tandis que je prévois d’expérimenter les trains couchettes pour rejoindre la frontière thaï et retrouver Buffalo à Chiang Maï.
Des signaux d’interdictions de fumer tapissent la station de Pedang Besar à la frontière thaï. Cette station est littéralement une station frontière. Le premier étage est la gare malaisienne et relie la gare à Kuala Lumpur tandis qu’en-dessous c’est la gare thaï effectuant les liaisons vers Bangkok. Entre le no man’s land de passage de frontière qui a l’air plutôt folklorique car j’ai déjà pu passer quelques fois devant les gardes thaï sans avoir mon cachet de sortie de Malaisie « because we have to wait ». Parfois je décide de ne pas chercher à comprendre et j’attends.
J’ai été vachement impressionnée par la qualité du train malaisien entre Ipoh et Pedang Besar, : un train flambant neuf, à l’heure, des prises, quelques écrans projettent un film américain, des toilettes d’une propreté exemplaire, il y a même une salle de prière pour les musulmans. J’espère en mon for intérieur que mes trains couchette seront du même acabit.
Alors que je lutte pour rester éveillé, un vieux canadien habitant Hua Hin m’explique en long et large ses différentes techniques pour fumer ses cigarettes avant de rentrer dans le train car « Be ware. The train won’t stop enough time to smoke before bangkok » ! « Aah, ok » je lui réponds nonchalamment. J’ai du mal à lui sourire, il m’énerve et « oh wait, you know what» j’espère bien que le train ne s’arrêtera pas d’ici Bangkok et que je vais pouvoir dormir comme un fuc**** loire d’un sommeil que je sens déjà de plomb. « Hum, hum » bon pas besoin d’être devin ni de partir au bout du monde pour savoir que ma tolérance a des limites lorsque je suis éreintée. Un train arrive en gare avec vingt minutes de retard. Il semble tout droit sorti d’un film de western. J’ai comme l’impression que les toilettes et la propreté ne seront pas les mêmes que dans les trains malaisiens *soupir et sourire un peu forcé *: « Welcome Thaïland again » !
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