« Nadiiaaaa, j’ai crevé » me crie pour la troisième fois de la journée Fanny. Il est 10h30 du matin et on venait de commencer s’enfoncer dans les montagnes qui séparent la côte de Safranbolu. Je cherche en mon for intérieur à garder la motivation et une positive attitude mais j’avoue que je commence à me demander comment nous allons faire pour réussir à continuer car il y a visiblement un problème plus profond avec les pneus ou la jante du vélo de Fa. C’est là que comme par magie une grosse camionnette s’arrête et deux gars nous interpellent. Nos vélos à l’arrière et nous serrés à l’avant, nous voilà en train de baragouiner en turc avec eux. J’apprends plein de nouveaux mots : montée, descente, tournant, bien…. que je m’empresse néanmoins d’oublier. On a pas la moindre d’idée d’où ils vont nous déposer mais avancer un peu nous fait du bien au moral. Nos deux sauveurs inopinés s’arrêtent dans un bled devant un atelier. Un bricoleur moustachu arrive cigarette au bec et thé fumant à la main, typique turc. Il prend le temps d’analyser la roue et la chambre à air et fini par dire : « Problem » en nous montrant un petit trou dans le pneu. Il est midi et demi, il nous reste encore 70 km avant notre destination, on repart en guettant la roue de Fanny, réparée à coup de rustines, la crainte de la crevaison au ventre.
La route sillonne les collines vertes de la région, on sue à grosses gouttes tout en profitant de ces étranges visions de mosquées qui semblent s’être cachées dans les milles recoins des collines. Un premier orage éclate, cette douche express nous fait du bien. La route est tellement chaude qu’elle en devient fumante. On se croirait dans une sorte de hammam pour cyclistes.
Le tonnerre gronde et un éclair zèbre le ciel, on part s’abriter sous un abri. Le premier orage nous a rafraichit, le deuxième nous refroidit et la pluie abondante ne semble pas vouloir s’arrêter. Depuis le mécanicien on a fait seulement 20 km. Les montées sont rudes et je n’ai aucune idée du moment où les montées s’arrêteront et où commencera à descendre vers la côte. KW fermés, on s’apprêtent à suer sous la pluie et là miracle, quelques minutes plus tard on entame des descentes du feu de dieu, mon compteur avale les kilomètres : « purée ça fait du bien » me dit Fanny. Un boulanger nous tend deux petits pains en passant, on en profite pour faire une pause bien méritée, la pluie s’est entre temps dissipée. Le lendemain, après être passé chez un vrai réparateur vélo pour changer le pneu de Fa, on entame une nouvelle ascension de 5 km de montée avant de descendre à du 40 km/h vers Amasra, une petit ville balnéaire.
« Ils boivent de la bière ! » dis-je à Fanny. Depuis notre départ d’Istanbul impossible de commander de la bière au restaurant : No alcool. La perpective du petit apéro en regardant la mer nous fait saliver. Ca y est on est à la plage !
Ici le soleil brille et les terrasses sont bondées. Mais les pintes n'ont pas la même saveur qu'une bière sirotée au détour d'une plage turque. Hâte de lire vos prochaines aventures!