J’observent les hirondelles qui jouent dans la vallée. Un rapace fait du sur place à quelques mètres de nous, il a dû repérer une proie. Le paysage est sublime, les montagnes se dessinent peu à peu et nous n’en sommes qu’au début du Pamir. Nos yeux se régalent devant la beauté du relief qu’offre ce pays que je n’aurai pu situer sur une carte avant de préparer mon voyage.
Un enfant d’environ 5 ans affichant un large sourire sur le bord de la route semble être resté bloquer sur un « Hello » « Hello » « Hello » qu’il assène en boucle. Valentin, JC et moi en rigolons en passant à sa hauteur. Quel plaisir de voir les sourires des tadjiks qui nous saluent. Comme les turkmènes et les ouzbèks ils ont des sourires d’or. Chez beaucoup d’entre eux les dents saines sont troquées contre des dents en or : symbole de richesse.
Allongée sur le sol, je savoure la sensation du soleil qui chauffe sur ma peau et la sérénité de notre traditionnelle sieste après le repas de midi. Une brise légère me rafraichit, les yeux fermés j’entends l'eau de la rivière qui s’écoule en contrebas. J’ouvre les yeux pour profiter de cette vallée et du relief Tadjik. Les quelques voitures qui passent sur la route soulèvent un nuage de poussière ocre. Buffalo est tout rouge de poussière lui aussi. Sa belle toilette pour laquelle je me suis appliquée comme jamais à Dushanbe n’aura pas fait long feu.
Fesses relevées, penchée sur le guidon que je tiens fermement, j’affiche un large sourire en descente en slalomant autant que possible entre les trous et les roches sur la route. J’ai déjà perdu une vis de mon porte bagage et plusieurs vis, le crochet et le rail d’une sacoche ortlieb avant. La route de Pamir doit être un vrai cimetière à vis et écrous en tout genre. Mais ça ne reste néanmoins pas un infini plaisir de rouler dans ces paysages magnifiques sur des routes calmes et presque vides.
« What is inside this dish ? » demande Jean-Christophe à la serveuse. Réponse : « Yes ». Bon le niveau d’anglais des locaux ne s’est pas amélioré depuis mon départ. Notre chemin est ponctué de « Hello » lointains, d’autres proches et de cris de gamins souriants, excités de nous voir passer. Certains en nous apercevant courent jusqu’aux vélos pour nous tendre la main et espérer un high five. Ils nous montrent l'étendue de leur connaissance en anglais en posant de but en blanc d’autres questions : How are you ? What is your name ? How old are you ? Lorsqu’on leur répond et qu’on leur demande « I am 30 and you how old are you ? » on a une réponse incompréhensible du style « I am years old ». Ah. Ben voilà.
Immersion olfactive dans un troupeau moutons et de chèvres (dont des petits chevreaux trop mignons), nos vélos se frayent un passage parmi les bêtes. Un des bergers sur un cheval a son smartphone en main et une batterie externe branchée dessus. Like a real business men. OKLM le mec ! Modernité et archaïsme se mélangent visiblement sans problème au Tadjikistan.
38km seulement ?! Plus petit total de journée de vélo depuis le début du voyage. La route est uniquement rocailleuse, on manque systématiquement de tomber de nos montures, nous avons gravi 1000m d’altitude depuis le début de la journée autant dire qu’on est rincé. J'ai pourtant l’impression d’avoir fait 80km au moins. Il fait froid mais notre spot de camping est grandiose. Le soleil se couche teintant le ciel de jaune, rouge et violet et nous laissant apprécier ses couleurs sur les différents sommets. Il est 19h30 et j’écris depuis ma tente emmitouflée dans mon sac de couchage à 2924m d’altitude. La dernière fois que j’ai écris dans ma tente il y a presqu’un mois je sentais perler la sueur dans mon décolleté, ma nuque et dans les plis de mes avants bras pendant que je tapais la suite de mes aventures. Comme quoi, on avance malgré tout vite à vélo.
Cinq jours depuis notre départ de Dushanbe et nous sommes aujourd’hui à Qal’ai Khumb tout près de la frontière afghane. L’aventure continue demain on reprend vers Kohrog.
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